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le pain ensemble. Dans le charme intime du foyer, nous parlerons d’avenir. Souris à la vie, mon fils et sois fort.

Dans une détente de tout son être, Paul se jeta au cou de son père.

— Et pas un mot de tout cela à maman Jeanne, hein, c’est compris ?

— Je vous le promets.

Lorsque Madame Bordier entra, son fils vint l’embrasser, et si fort, qu’elle dit en riant :

— Combien tu sembles heureux de me voir, Paul.

— Oh oui, si heureux, maman.

La vie continua paisible au logis des Bordier ; Paul poursuivait ses études avec ardeur, puisant dans le travail l’oubli de l’heure tragique qu’il avait vécue. Petit à petit l’horrible plaie se cicatrisait, mais le voile qui la recouvrait s’étendait mince et bien léger.

À vingt-deux ans, Paul Bordier reçut ses diplômes en architecture avec grande distinction. Les félicitations sincères de ses camarades mirent de la chaleur à son cœur. L’incident de la cour du collège semblait bien éloigné.

Eustache ajouta le secours pécuniaire aux efforts intellectuels du nouvel architecte, et en trois ans la position de Paul devint brillante. Les salons aristocratiques de la Cité de Champlain s’ouvraient largement devant ce garçon d’avenir.

La secousse morale ressentie par Paul à dix-huit ans, l’avait mûri avant l’âge, et cette maturité ajoutait un charme de plus à sa beauté mâle. Les yeux si francs du fils d’Étienne et de Gilberte, ne s’amusaient pas