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nal. Ce petit est-il encore ici, ma sœur, ajouta-t-il en montrant le quotidien.

La religieuse regarda la feuille et sourit un peu tristement.

— Le cher mignon, oui monsieur, il est toujours ici.

— Ma femme et moi avons décidé de l’adopter, ma sœur.

— C’est une action louable que vous accomplissez, mes amis, vous en serez récompensés. Cet enfant est charmant.

Elle eut une courte hésitation, et poursuivit :

— Son arrivée ici m’a frappée singulièrement. Je vais vous mettre au courant. Veuillez m’excuser un moment.

Sœur Véronique alla chercher dans l’armoire aux archives, le paquet de vêtements que nous lui avons vu déposer, et revint auprès de son visiteur.

— Voici, dit-elle, le linge qui enveloppait ce bébé à son entrée ici. Il est riche et marqué de deux initiales enlacées : E. G.

Eustache écoutait poliment la religieuse, pour la forme. Ces initiales ne lui disaient rien, quoiqu’elles fussent celles de son cousin et de sa femme. D’ailleurs, comment aurait-il pu se douter que le fils d’Étienne avait été déposé dans une Crèche. Et puis, Joachim Bruteau pour se protéger, et pour faire taire ses voisins qui lui demandaient parfois des nouvelles du bébé, avait fait insérer dans les journaux l’acte de son décès. Et Eustache lut comme tant d’autres : « Georges-Étienne, enfant d’Étienne Bordier et de feue Gilberte Mollin, décédé le 10 juillet 1907. »