Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 45 —

une vignette soulignée des mots suivants : « Adoptez-moi, je vous aimerai bien ».

Les yeux de Jeanne se posèrent sur ce portrait d’enfant sans y porter beaucoup d’attention, mais un mouvement que fit son mari, déplaça la feuille, et la manchette se détacha clairement sur le papier : « Adoptez-moi, je vous aimerai bien ». Jeanne se pencha.

— Veux-tu me prêter ton journal, Eustache ?

— Certainement, dit-il en s’empressant d’offrir le quotidien montréalais. Est-ce pour te distraire de ce qui nous occupe, ajouta-t-il taquin.

— Au contraire, mon ami, c’est plutôt pour m’en occuper, dit-elle en regardant attentivement la vignette qui l’intéressait.

Et pliant le journal de façon à ce qu’elle fut bien en évidence, Jeanne demanda à son mari ?

— Que penses-tu de ceci ?…

Le regard d’Eustache alla de la vignette à sa femme, il dit :

— Tu serais disposée à adopter ce petit… ?

— Pourquoi pas, il a l’air gentil…

— C’est vrai. À quelle heure le train pour Montréal ? Elle le regarda médusée.

— Ah çà, qu’est-ce qui te prend ! Les affaires te font-elles déjà oublier notre projet ?

— Non, c’est pour y faire suite.

— Comment calcules-tu y faire suite en partant pour Montréal, dit-elle en riant.