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CHAPITRE iii

Trois mois après le décès de Gilberte, par un jour orageux de fin d’octobre, Étienne Bordier arriva en gare de Montréal, de retour de sa lointaine expédition.

Sans prendre le temps de se reposer, et malgré l’orage qui dégénérait en tempête, Étienne paya un fort montant à un propriétaire d’automobile, qui consentit à le conduire à Chambly.

On se mit en route. Les chemins n’étaient pas pavés alors, et la voiture prit du temps à parcourir le trajet sur la surface rendue glissante par la pluie.

Le voyageur arriva à la ferme Bruteau vers onze heures du soir.

La pluie tombait toujours, et les éclairs sillonnaient les nues à tout instant.

Une lumière brillait à la fenêtre de la cuisine du vieux logis. En l’apercevant, le cœur d’Étienne se mit à battre follement.

— Gilberte ! dit-il éperdu, Gilberte, tu m’attends !

Aucune inquiétude chez le jeune homme. Quelques mois avant sa mort, Gilberte avait écrit longuement à son mari, et cette lettre pleine de gaieté et d’espoir