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La première fois qu’elle vit Gilberte, Marie Barre l’aima de tout son cœur. Au retour des jeunes gens de leur séjour dans les Laurentides, après leur mariage, elle ne fit aucune objection à la demande de Gilberte de l’accompagner sur la ferme de son oncle.

— Je serai bien n’importe où avec vous, mon enfant, dit-elle affectueuse.

— Je bénis le ciel qui vous envoie pour m’aider à supporter l’épreuve de cette dure séparation, dit Gilberte en pleurant.

— Allons, petite, du courage, ne devez-vous pas en avoir pour deux… et même pour trois, d’après Étienne qui m’a confié votre cher secret. Cet enfant que vous attendez vous versera tant de joie ! le temps passera vite, vous verrez.

Le vieux Joachim accepta la proposition de Gilberte, sans témoigner aucune marque de satisfaction ni de déplaisir.

Après le départ d’Étienne, tel que convenu, les deux femmes se rendirent à la ferme. Joachim Bruteau reçut sa nièce comme si elle n’était jamais partie, et Marie Barre comme une étrangère de passage, et la vie s’organisa.

Six mois s’écoulèrent. Durant ce temps, Gilberte reçut une lettre de son mari. Les postes aériennes n’existaient pas alors, et les nouvelles de ces pays entourant la Baie d’Hudson où se trouvait Étienne, venaient lentement.

Gilberte relisait souvent la missive, si réconfortante, si amoureusement attentive. Dans toutes les lignes éclataient l’amour véritable du mari pour sa