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suivra. L’union des âmes fait disparaître les distances, nous resterons ensemble par nos âmes.

— Ah, Gilberte, chère et noble femme, vos paroles me réconfortent et me rendent toute ma vaillance pour ce départ trop prochain. Mais le temps usera ces douze mois de solitude, pour vous et pour moi. Je vous reviendrai. Pensons à la joie de ce retour, elle rendra plus supportable l’amertume de la séparation. Puis, tout sacrifice comporte une récompense. Mon stage dans les régions lointaines me vaudra un avancement important. Sans doute nous pourrions refuser pour nous cet avantage matériel, mais nous n’avons pas droit de nous en désintéresser pour ceux qui plus tard viendront égayer notre foyer.

Prenant Gilberte dans ses bras, Étienne murmura avec passion :

— Gilberte, ah, je vous aime de toutes mes forces, je suis lié à vous pour la vie, rien ne peut vous détacher de moi.

— Votre amour rencontre le mien aussi complet, mon bien-aimé, dit-elle en posant, ses beaux yeux, sur ceux ardents et francs de son futur mari.

Une joie forte est faite d’un alliage de souffrance. Une joie exubérante, sans nuage étourdit. Celle d’Étienne et de Gilberte, tempérée par la douleur qui les attendait, était complète parce qu’ils la savouraient sans exaltation et dans le recueillement.

— Gilberte, poursuivit Étienne après un moment de cette communion intime, comme je vous l’ai dit, je vous confierai durant mon absence, à ma chère vieille parente, Marie Barre. C’est une personne bien sympathique et mûrie par l’épreuve. La mort l’a frappée