— Alix !
— Oui, mon bien-aimé, il n’appartient pas qu’aux Bordier d’avoir un seul, un seul et unique amour au cœur…
— Ah, vous m’aimez !… Divine et sainte ivresse, vous m’aimez ! Je le sens, je le vois dans vos yeux, par votre sourire. Tout le chante en vous…
Il la prit dans une étreinte frénétique.
— Votre amour, reprit-il passionnément, il m’enchante… Il nous ravit tous deux, si près l’un de l’autre, dans les bras l’un de l’autre, enlacés, éperdus de joie… Ah que c’est bon !… Que la vie est belle !… et vous êtes adorable… Et vous m’avez toujours aimé, dites que vous m’avez toujours aimé ainsi…
— Oui, je le crois. Lorsque mon orgueil fut disparu, mon amour apparut tel que je vous le donne. Oh, j’ai appris ce que l’amour faisait endurer à ceux qui le maltraite. Il se venge. Mais il donne de grands et crucifiants courages. Paul, si je n’avais entendu votre conversation avec votre père la veille de sa mort, vous n’auriez rien su de mon amour, car, certaine d’avoir tué le vôtre, j’ensevelissais le mien à jamais.
Paul pressa plus fortement sa femme contre lui.
— Adorée ! dit-il, en la couvrant de baisers.
Elle reprit :
— En faisant mon sacrifice, je demandai à Dieu, pour moi sa pitié, pour toi la paix. La bonté divine s’est manifestée bien vite à mon égard, et toi Paul, dis-moi, as-tu la paix ?
— Oh, profonde et complète. Elle folâtre de mon cœur à mon âme et enivre tout mon être. Elle est