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son amour à celui qu’elle aimait, et lui dire pour qu’il le crût. Elle demanda avec une certaine hésitation :

— Dites-moi votre pensée, mon ami, vous semblez morose ce soir, quelle en est la cause ?

— La cause, vous la savez… en partie.

— De toute mon âme, Paul, je compatis à votre deuil si grand.

— De la compassion, songea-t-il, voilà ce qui m’attend.

Il murmura :

— Je vous remercie de votre sympathie. Oui, je regrette la mort de mon père, je la regrette amèrement. Oh je le regrette lui, lui seul, lui que j’ai tant aimé et qui me le rendait. De nous deux, celui qui est parti est le plus heureux. Mon père est allé à celle qui l’aime et qu’il adore… et moi…

Elle laissa tomber de sa voix harmonieuse :

— Paul, mon ami, il n’est pas toujours nécessaire de mourir pour aller à celle que l’on aime… et qui nous aime…

— Que voulez-vous dire ! reprit-il haletant. Alix… il y a des cruautés qui ne sont pas permises !

Elle se leva pendant que tout son amour, à lui aussi, montait dans ses yeux.

— Loin de moi l’idée d’être cruelle, dit-elle, et si je l’étais, croyez-vous que l’oiseau bleu ne fuirait pas, dans ce moment où il voltige si près de vous ?

Il eut un cri :