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elle, soyez-moi clément et donnez la paix à celui que j’aime. » Et toi, mon pauvre amour, adieu pour toujours !

La fatigue eut raison de la détresse, et Alix sombra dans un sommeil sans rêve.

Quelques heures plus tard, une voix familière venant de la chambre du malade, l’éveilla.

— Comment, se dit-elle, Paul est là, monsieur Bordier serait plus mal !

Elle se leva. Mais au moment d’ouvrir la porte de communication, qui unissait, les deux pièces, elle s’arrêta, clouée au parquet par ce qu’elle entendait.

Paul, arrivé sur le matin, avait pris la place de son père adoptif, et maintenant assis sur le rebord du lit d’Étienne, il demandait affectueusement :

— Vous sentez-vous mieux, papa ?

— Beaucoup mieux.

— Que je suis heureux ! Vous allez guérir !

— Ne te méprends pas sur la signification de mes paroles, mon fils, je suis mieux parce que je ne souffre plus, mais c’est la fin.

— Oh, ne parlez pas ainsi !

— Sois courageux ; rester avec toi eût été bien consolant, aller vers elle, ta mère, c’est divin, vois-tu…

— Oui, je vous comprends, vous allez à celle que vous aimez.

Et il ajouta âprement :

— Je préférerais l’amour d’une morte à l’indifférence d’une vivante…