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de son beau-père, où seuls les yeux vivaient, si beaux, si sereins, si confiants.

Un soir, vers dix heures, la jeune femme commença son tour de veille. Étienne éprouvait, à ce moment, le grand mieux qui précède la fin, le repos de tous les membres avant l’assaut final du mal. Il reposait avec une apparence de santé.

— Demain il faudra le faire administrer, dit tante Marie, en venant embrasser sa nièce à son poste de garde-malade.

Et elle avait ajouté :

— Si vous avez besoin d’aide, ma chère petite, venez me chercher.

À minuit, Eustache vint remplacer Alix. Celle-ci alla se coucher, sans se dévêtir, sur un lit de repos dans la pièce voisine.

Par la fenêtre ouverte, l’air tiède de la nuit entrait en soulevant les rideaux, et Alix songeait qu’une brise semblable l’enveloppait lors de sa rencontre avec son mari, au bord de la mer, quelques jours plus tôt. Sa mémoire lui rappela tous les mots de leur entretien dont les suites avaient décidé de leurs relations futures. Mais en ce moment, cette vie de devoir lui apparut infiniment lourde à porter. Par une pensée qui l’obsédait depuis le triste retour de Percé, il lui semblait que toutes les attentions, toutes les prévenances de son mari ne s’adressaient plus à elle, mais à ceux auxquels elle donnerait le jour.

— Ah, pourquoi me torturer à l’avance, gémit-elle, le sort en est jeté, soyons vaillante. « Ô Dieu, supplia-t-