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Il ouvrit de nouveau la bouche sur l’aveu. La vue d’Alix dans une pose rigide dont il ne devina pas la souffrance, le dompta. Sa tête retomba. Dans l’enclos de la maison désolée, il vit un prisonnier qui venait de se blesser affreusement sur la haute muraille qui le tenait captif.

La voix du jeune homme ne lui parut plus la sienne, lorsqu’il reprit :

— Je vois, mon amie, que vous n’oubliez pas que votre mari est un architecte. C’est cela : rebâtissons !

Il se coucha sur le sable en fermant les yeux ; et, allumant une cigarette, il la consuma presque en entier de quelques profondes aspirations. L’air extraordinairement calme à ce moment, retint la fumée autour de lui.

Alix tourna lentement les yeux et regarda avidement son mari ainsi enveloppé. Elle laissa tomber tel un adieu :

— Cette fumée qui vous entoure, Paul, vous rend immatériel. Vous êtes tout estompé de bleu comme les personnages qui entrent et sortent de nos rêves.

— Le rêve… Qui n’a pas caressé, entretenu, espéré voir grandir cet enfant de notre imagination, mais la réalité nous le tue. Cette marâtre ne s’inquiète pas de ce genre d’infanticide pour nous rappeler au bon sens. Sans doute a-t-elle raison. Nous sommes créés pour vivre sur la terre et non dans les étoiles. Pourtant l’azur du ciel est si beau, il en coûte toujours d’en descendre…

— Rarement l’être en descend de lui-même, une main brutale se charge de l’en déloger…