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— Dites toute votre pensé ?…

— Désirez-vous reprendre votre liberté, jeta-t-il à brûle-pourpoint ?

— Est-ce là votre solution, demanda-t-elle faiblement ?

— Peut-être est-ce la vôtre ?

— Croyez-vous que je fais appel à votre jugement pour un compromis de la sorte ? Je repousse toute idée de séparation. Est-ce que le principe qu’il ne faut pas se donner en pâture au public n’existe plus ?

— Il existe toujours ; et je rentre en grâce avec les « qu’en dira-t-on » qui m’aident à conserver aujourd’hui une apparence de foyer, dit-il désabusé.

Alix qui avait préparé longtemps à l’avance la conversation qu’elle venait d’entamer, resta étourdie, humiliée par cette réponse. Blessée, elle reprit hautaine :

— Il y a des gens qui se croient inattaquables dans leurs vertus et doutent de celles d’autrui. De le faire, est déjà un péché, et cette faute les ramène au niveau du commun des mortels. Cette faiblesse reconnue, ils devraient avoir égard aux manquements des autres, et ne pas juger trop vite. Se relever appartient à ceux qui sont tombés. Tendre la main alors est plus charitable que de frapper. Ce qui me fait repousser toute idée de séparation, n’est pas la crainte des « qu’en dira-t-on ». Si vous m’avez crue vaine à ce point, la paternité de votre supposition vous rapproche de moi.

— Vous me rappelez à mon devoir, Alix, pardonnez ma phrase si peu charitable, je la retire.

Elle haussa les épaules, lassée.