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— C’était aussi mon idée, et si nous proposions ce voyage à monsieur Bordier, nous avons place pour quatre.

— Je ne sais s’il accepterait, sa santé n’est pas très bonne.

— Raison de plus, un changement lui serait salutaire.

— Je lui en parlerai, et merci infiniment.

— Pas de quoi, ma grande, le plaisir est pour moi, je m’entoure de charmants compagnons pour mon excursion. Gilles et toi, vous êtes mes meilleurs amis, et monsieur Bordier est si sympathique.

Étienne Bordier accepta avec empressement l’offre qu’on lui faisait, et Gilles se garda bien de la refuser. Le jour convenu, on se mit en route.

— Holà les amis ! s’écria mademoiselle Vilet la main au volant, remarquez comme nous partons sous des signes heureux : nous étrennons une auto, nous étrennons un mois, aujourd’hui est le premier de juin, en route nous étrennerons une nouvelle lune. Hourra ! tout est neuf, plaisir, voiture, quantième, et l’amitié ne vieillit pas. Quelle belle randonnée va être la nôtre ! On rit, et Gilles, assis auprès de Béatrice, applaudit bruyamment.

— Pas tant de tapage, mon garçon, ou tu retournes à la maison, dit-elle en appuyant sur l’accélérateur de la machine.

— Pour ça, il faudrait descendre de voiture, et le moyen de mettre le pied à terre à du soixante à l’heure… Écoute ma chère, tu fais trop de vitesse.