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le passé, leur rencontre serait plus facile. Paul venait d’écrire que son travail achevait. La proposition de Béatrice arrivait donc à point.

— Quand partons-nous, demanda la jeune femme ?

— Dans deux ou trois jours, ma chère.

— À propos, qui prendrons-nous comme chauffeur ?

— Il est tout trouvé.

— Qui est-ce ?

— Moi-même.

— Toi ? tu n’as jamais conduit une automobile !

— Non ? regarde mon certificat de compétence et de prudence suffisantes. On me l’a décerné hier. J’ai acquis mon expérience d’un vieux loup du volant, en véhiculant avec lui, par monts et par vaux, durant cinq semaines. Je sais écraser les poules, les oies, les dindons, les gorets qui ne connaissent pas la loi de la circulation, et pousser par en arrière les vaches qui n’osent pas nous envisager.

— Grands dieux ! il est peu rassurant de voyager avec toi. En allant en Gaspésie, nous traversons beaucoup de contrées agricoles, et les animaux…

— Sois tranquille. Les bêtes se domptent mieux que les hommes. Les quelques bipèdes et quadrupèdes victimes de mes roues, ont servi d’exemple aux autres. À l’avertissement de mon claxon, bêtes à poil ou à plume disparaissent, de la route.

— Tout ça est très bien, mais s’il nous arrivait un accident, des femmes seules, ce n’est pas prudent. Sais-tu, j’ai envie de demander à Gilles de nous accompagner.