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CHAPITRE xvii

Le printemps était revenu. Dans toute sa splendeur, le favori du monde étalait ses atours. Drapé de nuits chaudes, pleines d’étoiles, de journées lumineuses brodées de matins vaporeux perlés de rosée et de soirs dentelés de clair de lune, il prenait possession de son vaste domaine, visitant vallons et collines, bosquets et prairies. Il réveillait les fleurs qui bâillaient de la grandeur de leurs corolles, secouait les pommiers, les couvrant de millions de calices roses qui se chargeaient d’abeilles d’or, pénétrait dans tous les foyers où il ranimait le courage. Généreux, il jetait des charges de parfums sur l’aile du vent qui les éparpillait avec une égale prodigalité chez le riche comme chez le pauvre. L’incomparable saison étendait sa gloire partout, et parce qu’elle faisait renaître tant de choses à la vie, elle jetait un peu d’espoir aux âmes inquiètes.

Par une après-midi chaude et ensoleillée de fin de mai, Béatrice Vilet arriva en tourbillon chez Alix.

— Bonjour, ma chère, s’écria-t-elle rieuse, en jetant son chapeau derrière un meuble. J’ai une nouvelle si importante à t’apprendre, qu’elle rejette dans l’ombre les déclarations les plus sensationnelles du Cabinet Provincial.