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— Oh les roses ravissantes !

— En voici pour vous, tante Eulalie, placez-les sur la table de votre boudoir.

— Merci, chère Alix. Mais tu te dépouilles…

— Oh non, il en reste beaucoup, je vais porter le reste dans ma chambre, tout de suite.

En plaçant les roses dans un vase plein d’eau fraîche, une des épines des tiges piqua Alix au doigt près de son alliance. Elle retira vivement sa main, puis se mit à regarder la goutte de sang qui sortait de la légère blessure, et qui grossissait près du rubis de sa bague. Oppressée, elle ne pouvait détacher les yeux de ces deux joyaux, dont l’un venait du cœur, et l’autre l’enchaînait. Elle eut un profond soupir. Une larme tomba de ses paupières ; cette eau limpide vint se mêler à la goutte de pourpre, elle forma un mince filet vermeil qui coula d’un seul jet sur une rose sans y laisser de trace. Elle porta sa main à sa bouche, et ses lèvres s’appuyèrent longuement sur le doigt blessé. Puis, prenant toutes les roses dans la courbe de son bras, la jeune femme frôla ses joues sur la gerbe parfumée et murmura à travers ses larmes :

— Roses rouges, pétales fragiles, fleurs d’amour au parfum durable, ah, consolez-moi donc !

Lorsque le soir venu, Alix fit de la lumière, les roses plus épanouies, timidement, dans leur langage, parlèrent d’espérance.

Rendu sur les chantiers de sa construction, Paul s’installa non loin de son ouvrage, et se traça un pro-