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Le soir de cette même journée, son ouvrage terminé, Gilberte alla s’asseoir au pied d’un arbre non loin de la maison. Un livre ouvert sur les genoux, elle ne lisait pas. Elle regardait vaguement le long ruban poudreux de la route qui passait à une cinquantaine de pieds d’elle.

Tout à coup, son attention fut attirée par un grand bruit dans le lointain. Au ronflement étourdissant, elle devina la venue de ces nouveaux véhicules qui marchaient au gaz.

Intéressée, elle se dirigea vers la clôture longeant le chemin, et s’y appuyant, elle regarda venir l’automobile qui roulait à pleine vitesse.

— Si cet individu prend la courbe près d’ici sans modérer, il va capoter se dit-elle, et qu’arriverait-il si par hasard quelqu’un venait en sens inverse. Mais… Cet homme est réellement fou ou ivre, s’écria la jeune fille, il va se rompre le cou, ou… Ah mon Dieu ! une rencontre ! Une voiture !

Et Gilberte, les yeux dilatés, assista terrifiée à l’accident.

Ce fut rapide.

La grosse machine, incapable dans sa vitesse de faire la courbe à sa droite, tint le haut du chemin et prit de flanc un léger phaéton attelé d’un cheval et conduit par un homme, et projeta le tout dans le fossé.

Pour l’automobile pesante, son poids augmenté par la vitesse, la maintint sur ses roues. Après plusieurs zigzags pleins de périls, elle retrouva son aplomb et fila plus vite que jamais.