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Deux hérauts venaient de fendre la foule en criant : Place ! Place ! Place ! Voici la reine des Champs !

Une magnifique chaise à porteurs s’avança et vint s’arrêter au milieu de la salle. Deux petits pages vêtus comme des coquelicots ouvrirent la portière, et, aux acclamations de l’assistance, on vit descendre une ravissante paysanne le visage enfoui sous une large capeline rouge, les bras remplis de fleurs.

On entoura l’arrivante.

— Un baiser pour moi, Marianne, suppliait un petit duc pédant.

— Ni pour vous, monseigneur, ni pour d’autre, mon mari m’attend quelque part dans cette fête, répondit-elle gracieuse.

— Où se trouve votre Jean-Pierre, lança un croisé belliqueux, que je lui frotte les oreilles ?

— Attention à vous, pourfendeur d’infidèles, vous pourriez recevoir une bastonnade, mon mari est très fort.

— Pourrait-il résister à ceci, demanda un lutteur romain, en exhibant ses biceps ?

— Je le crois, dit-elle, en jetant une fleur au fort-à-bras.

Un Pierrot, effronté, le visage enfariné, sans en demander la permission, saisit la paysanne par la taille et disparut avec elle dans le tourbillon d’une danse au son argentin de ses grelots.

— Ça valait la peine d’emprunter le prestige d’un de Guise, pour se voir rebuter par une fermière, se lamentait drôlement le petit duc.