couple ne finirait pas dans une culbute de divorce. Il fallait guetter ça. N’ayant ni principe ni scrupule, Luce jugeait les autres d’après elle-même. Et son imagination allant bon train, elle se voyait déjà presque au bras de Paul Bordier. Pour savoir où en étaient les choses dans le foyer qui l’occupait, à la remarque de Béatrice, elle jeta comme une fleur :
— Madame Bordier serait en mesure de nous dire si l’amour peut conduire au trépas.
Le coup était direct, et pour empêcher Béatrice d’intervenir, elle ajouta :
— Béatrice, écoute. Toi et moi ne voyons goutte dans tout ceci : si mon cœur est enferré, le tient bat la chamade par le refus que tu viens d’essuyer de la part de monsieur de Busques.
Béatrice regarda Luce. À travers la fumée de sa cigarette, la jeune veuve épiait Alix, dont les lèvres tremblaient.
— Gilles semblait mal à l’aise.
Ces détails frappèrent mademoiselle Vilet. Puis les recommandations de Gilles étaient fraîches à la mémoire.
— Qu’est tout ceci, se dit-elle inquiète, quelque malentendu entre Alix et son mari ? et toi ma belle rousse, tu veux t’y fourrer le nez. Je vois cela à ton air.
Alix ayant maîtrisé son trouble, répondit d’un ton affable à la demande de Luce Lebrun :
— Ma chère madame, vous me posez là une question dont la réponse fut criée à travers les temps. L’amour est souverain, donc il peut tout.