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Lebrun, ne répondait pas à l’idéal excentrique qu’elle s’était tracé de la vie conjugale, Luce s’acharna sur le pauvre homme comme s’il en avait été responsable. Il riposta aux imbécillités de sa femme en se mettant à boire. Il s’ensuivit un sabbat continuel. Mais avant que tout tournât au drame, et alors que Luce inscrivait une demande en divorce, Alex. eut la bonne idée de quitter la vie. Il mourut, ne pouvant plus rien absorber, imprégné qu’il était de part en part de whisky et d’anisette ce qui fit dire à l’un des deux loustics qui le mirent en bière :

— Le pauvre, s’il lui restait une étincelle de vie, il s’enflammerait.

Ce à quoi l’autre répondit :

— Cher Alex, il s’en va dans l’autre monde avec un bon entraînement pour ce qui pourrait l’attendre : sa femme l’a habitué à une vie d’enfer.

Luce Lebrun resta veuve à vingt-neuf ans, âge où toute femme redoute le cap au sournois reflet d’automne. Déçue dans son premier amour, elle ne tourna pas pour cela le dos au mariage. Les hommes n’étaient pas tous des êtres stupides comme son premier mari ; elle espérait en rencontrer un qui lui apporterait le bonheur désiré.

Rousse, d’une beauté du diable, Luce fut remarquée par de bons partis bien disposés à la consoler de son veuvage par un second conjungo, et si dans le temps elle refusa leur offre matrimoniale alléchante, c’est qu’elle avait jeté son dévolu sur Paul Bordier. Mais l’architecte venait de se marier, c’était vexant. Cependant dans le nouveau ménage, Luce soupçonnait que tout n’allait pas sur les roulettes ; qui sait si le jeune