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— Du moins, les différentes nuances que nous employons nous font un teint ravissant ; vous autres, les hommes, quand vous vous servez trop de couleurs mélangées, tu sais ? vous devenez gris, vous avez l’air fin !

— Tu ne m’as jamais vu ainsi.

— Hum ! Sous quelle influence, par un soir de bal au Château, monsieur rappelait-il ses souvenirs d’écolier…

Gilles cessa de rire, et Alix pâlit.

Luce Lebrun dressa l’oreille, un éclair dans ses longs yeux, relevés vers les tempes.

Béatrice s’aperçut de l’émoi que venait de causer ses paroles.

— Toi, viens ici que je te confesse, dit-elle en emmenant le frère d’Alix. Excusez-nous. Luce, nous allons te chercher des cigarettes.

— Ah, mais c’est charmant, tu as vu que je n’en avais plus ?

— Oui, je crois que tu les manges.

Luce eut un rire étudié, et regarda s’éloigner les jeunes gens, puis ses yeux de félin se posèrent, sur Alix devenue songeuse.

— Maintenant, demanda Béatrice en entrant dans le solarium, dis-moi ce qu’il y a, j’ai commis une sottise et je vous ai peinés, Alix et toi. J’en suis chagrine.

— On t’a rapporté les paroles que j’ai dites sur la terrasse Dufferin ?

— Oui, elles étaient bien anodines, mais il paraît qu’elles ont eu le pouvoir de te dégriser.

— Elles paraissaient banales ; elles ont eu de pénibles suites.