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— Si tu as des ennuis pécuniaires, Gilles, je puis peut-être te venir en aide, je viens précisément de vendre le bois qui a servi de forme à un cheval en ciment construit pour annoncer les services d’un charretier de la Basse-Ville, ne te gêne pas, je suis en fonds.

— Je te remercie, répondit Gilles, avec un grand sérieux, je saurai me rappeler ton offre généreuse.

— Mais qu’est tout ceci, s’enquit tante Eulalie, prompte à s’alarmer ?

— Oh rien du tout, tantinette, nous badinons comme des enfants, hommes que nous sommes. Ne savez-vous pas que nous sentons parfois le besoin de faire les gamins ? crier, parler et même sauter comme eux ?

— Gilles, il y a un âge pour tout.

— Pas pour cela. Rien de fixé. Et méfiez-vous, un de ces jours, vous vous achèterez une corde à la souque.

— Gilles ! c’est le comble, tu deviens effronté !

— C’est parce que j’étais devenu enfant. Redevenu homme, je vous prie de me pardonner.

Il poussa un soupir à fendre l’âme.

— Ah, quand on est homme !

— Il faut se faire la barbe souvent, taquina Paul, surtout lorsque l’on en a une vigoureuse comme la tienne, hein ?

— Oui, et si l’on évite cette corvée, même par économie, ces dames s’affolent.

— Comment, ça revient ?

— Eh oui… ça revient…