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taille pour lui déposer un gros baiser dans le cou. Maintenant, toi, un avertissement : si tu te mets à cogner avec tes pattes de devant, moi je vais me mettre à mordre. Et après avoir menacé Alix du doigt, il frappa de son ongle l’émail éclatant de ses dents.

— Attention, ajouta-t-il, en fronçant ses sourcils bien fournis sur ses yeux bruns, clairs et moqueurs, ce n’est pas pour badiner.

— Le lion ne m’effraie pas, dit Alix, peuh !…

— Non ? regarde cette forte mâchoire.

Alix lui donna une chiquenaude au menton. Il se mit à rire, ce qui lui plaça une large fossette au bas de la joue.

— Horreur, tu ne t’es pas fait la barbe, s’écria la femme de Paul, je viens de sentir la rudesse de ton poil sous mon doigt…

— Pas rasé ! J’ai les joues douces comme celles d’un bébé. Mais sachez, madame, que je vais me laisser pousser la barbe en barbiche.

— Je te le conseille… ça va bien t’aller…

On suivait la scène, amusé.

— Je crois mon jeune ami, reprit Étienne Bordier, que l’idée de votre barbiche devrait être abandonnée ; les dames ne semblent pas la priser.

— Oh, pour l’amour d’elles je puis la sacrifier. Moi, ce qui me faisait opter en sa faveur c’était une question d’économie.

On se regarda interloqué, puis des rires fusèrent.

Paul s’approcha de son beau-frère, et du ton confidentiel d’un homme d’affaires :