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Comment expliquer l’émotion violente de Paul sans reconnaître qu’il était loin d’être indifférent à ce que disait ou pensait sa femme. Cette découverte enivra Alix de joie, et, afin de ne pas compromettre ce qui s’annonçait si beau, elle décida de taire son amour pour un certain temps et de s’abandonner aux événements. Ensuite, elle aviserait. Elle ne voulait pas s’avouer vaincue…

La réception proposée eut lieu le lendemain soir, et permit à Gilles et à sa tante de connaître Étienne. La soirée eut un cachet tout familial. Alix évoluait parmi ses hôtes avec aisance et sérénité. À la voir ainsi, Paul éprouva une telle satisfaction, qu’il décida lui aussi de cacher son amour, plus que jamais, afin de ne pas gâcher les choses.

De ce sacrifice mutuellement consenti en secret, il s’ensuivit une relation de camaraderie entre Paul et Alix, qu’ils découvrirent avec délice. Puis, pour aider à ce rapprochement précieux, partout c’était fête, bientôt ce serait Noël, anniversaire de la révélation du grand mystère de l’amour et du pardon ; nuit inoubliable, qui, à deux mille ans de distance emplit encore les cœurs d’allégresse, et comme disait Marie Barre au temps de ses pires épreuves :

— Il est vrai que le cortège des misères humaines n’arrête pas de circuler ce jour-là, mais les pleurs sont moins amères, les plaintes moins déchirantes… C’est Noël… L’aile immense d’un Dieu couvre le monde et n’oublie personne, il y a un moment de répit plein de courage : de la mansarde obscure aux palais éblouissants, les croix changent d’épaules.