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— Vous permettez ? j’ai un appointement dans quelques minutes.

Alix arrêta son mari d’un geste de la main, et se leva à son tour.

— Ne croyez-vous pas qu’il serait à propos, dès aujourd’hui, de prendre certains arrangements pour…

Elle se tut, il lui en coûtait de dire ce qu’elle avait dans l’idée. Peut-être verra-t-elle de la gouaillerie sur le visage expressif de son mari. Tant pis, elle devait parler. Elle reprit, pendant que Paul, le souffle coupé dans la gorge, attendait avec l’épouvante du prisonnier qui prévoit une condamnation à vie. Alix allait demander la séparation. Il en était certain.

— Pour… pour fêter le retour de votre père, finit-elle.

C’était cela ! Les nerfs de Paul subirent une telle détente, qu’une irrésistible envie de rire mêlée à une non moins grande envie de pleurer s’empara de lui et un soupir navrant fait de larmes et de rire refoulés s’exhala, de sa bouche.

— Mais oui… mais oui… il faut préparer quelque chose pour fêter le retour de mon père… Une petite réception intime… Vous saurez comment… Je vous donne carte blanche… Merci de votre attention.

Il sortit sur ces mots.

Le trouble de son mari n’échappa pas à Alix. Pourquoi ce désarroi chez cet homme toujours si maître de lui ? La phrase qu’elle avait dite en était-elle la cause ? En analysant, Alix s’aperçut que pour l’avoir divisée par un arrêt, la première partie, ainsi construite, laissait la pensée en suspens sur ce qui pouvait suivre.