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— Jamais, se dit-il, Alix pardonnera à ma naissance qui maintenant surpasse la sienne. Elle ne pourra supporter l’idée de voir ses ancêtres courber la tête devant les miens. Son parjure a humilié ses marquis, et mes pères n’ont pas à rougir de moi. Quel dilemme ! Mon bonheur de fils tue les possibilités de mon bonheur d’époux…

Étienne et son fils retournèrent dans la bibliothèque. Toutes les heures de la nuit sonnèrent et les deux hommes causaient toujours. Ce ne fut qu’au petit jour qu’Étienne retourna chez son cousin.

Le lendemain, l’heure du déjeuner réunit Paul et sa femme.

— Êtes-vous reposée, Alix, demanda Paul en s’assoyant, après avoir avancé le siège à sa compagne ?

— Assez, je vous remercie ; et vous, êtes-vous un peu remis de votre émotion bien compréhensible…

— Je vis comme dans un rêve, et je crains parfois de m’éveiller.

— Votre vie fut bien étrange.

— Que peut faire la perversité d’un seul homme…

Elle songea.

— Et la méchanceté d’une seule femme…

La conversation devenait difficile ; Paul chercha une phrase, et ne la trouvant pas, nerveux, il froissa sa serviette. Oh, il allait disparaître de la présence de sa femme, il devait être un tyran à ses yeux. Puis il ne pouvait plus supporter la vue des ravages causés par l’humiliation sur les traits bien-aimés.

Il se leva de table.