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Alix étouffa un soupir. Tout était si affreusement compliqué. Elle le comprenait plus que jamais.

Oh, crier son amour à Paul ! Depuis quelque temps, il lui prenait souvent une envie irrésistible de brusquer ainsi les choses. La peur du dédain de son mari, seule l’empêchait de parler, et ce fut elle qui une fois de plus lui tint les lèvres closes.

Après un peu de musique, Paul était parti sur un au revoir sans conviction, et quelques paroles aimables.

Alix, elle, s’était couchée. Elle voulait se reposer, ne plus penser, dormir. Mais le sommeil ne vint pas vite.

À ce moment de sa rêverie, la jeune femme appuya sa tête sur sa main repliée. La bûche que venait de jeter un domestique sur le feu attira un moment son attention, et fit dévier le cours de ses pensées. De sa nuit d’insomnie d’alors, elle passa à la soirée qu’elle vivait dans le moment. Elle laissa errer son regard sur ce qui l’entourait.

— Tout serait parfait ici, murmura-t-elle, mais mon irréparable faute étend un voile de tristesse sur ce foyer si bien fait pour l’intimité. Paul ne retrouvera pas en entrant, cet accueil chaud des êtres et des choses. Cette harmonie de couleurs, ce raffinement de confort, me paraissent perdus, ce soir, au milieu de la lumière de ces lampes qui semblent brûler sans but.

Un désir affamé de faire disparaître cette ambiance démolisatrice s’empara d’elle. L’idée de dévoiler son amour se présenta de nouveau avec force. Oh, que lui importait le dédain ! Elle était prête à l’ajouter à sa souffrance, pour savoir. Ce fut avec de l’espoir dans les yeux qu’elle alla au devant de Paul lorsque celui-ci