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— Avouez que votre compliment n’a pas été difficile à tourner alors.

Il riposta vivement :

— On ne pourra pas m’accuser d’en avoir pris l’inspiration dans un livre…

Nerveux, maladroit, il venait de répondre par les mots dont Alix s’était servie pour ridiculiser sa description de l’amour, lors du bal au Château. À peine sa phrase échappée, il regretta l’allusion qu’elle contenait, à en être misérable. Il s’approcha de sa femme et lui offrit son bras.

— Passons au salon pour un peu de musique, voulez-vous ?

— Vous avez raison ; la musique avec son beau langage parlera mieux que nous pouvons le faire, je crois.

— Je n’ai pas voulu vous blesser tout à l’heure, Alix.

— Je n’en doute pas.

Et elle ajouta, tout en suivant son mari, la main à peine appuyée sur son bras :

— Ne croyez-vous pas qu’un effleurement du passé pourrait être salutaire…

Mais sa voix faiblit ; elle venait de sentir la détente des muscles sous le drap souple où sa main reposait.

— Nous ne pouvons repasser deux fois dans un sentier où les ronces nous ont déjà blessés, sans risquer de venir à nouveau au contact de leurs pointes acérées. Laissons le passé, je vous prie…

Paul avait parlé avec effort.