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Maintenant, assise près de la cheminée du vivoir, Alix attendait le voyageur. La soirée était froide. Un grand feu brûlait dans l’âtre, et sa lueur capricieuse qui, seule éclairait la pièce en dansant un peu partout, faisait un halo fantaisiste à la jeune femme. L’éclat intermittent des flammes rendait presque vivants les grands oiseaux d’argent des lambrequins sombres placés au haut des larges fenêtres.

Ce décor de luxe convenait bien à celle qui l’animait, Alix était ravissante ce soir-là, Elle portait un déshabillé de soie molle d’un vert très doux dont la draperie harmonieuse créait autour d’elle des plis droits et brisés, profonds et légers, ourlés comme une lèvre, Dans sa pose méditative, Alix était bien l’image du bonheur dans un cadre de richesse, et soudain l’image s’anima.

Sept coups sonnèrent à la grande horloge du vestibule et vinrent s’ajouter aux crépitements joyeux de l’âtre qui coupaient le silence de la maison.

Alix se leva vivement, et retoucha sa coiffure d’un geste gracieux.

— Paul sera ici dans quelques instants, murmura-t-elle, en mettant le courant aux électroliers.

La lumière, grâce à sa belle ordonnance, vint poser ses rayons aux endroits assignés, éclairant, crûment le plafond à soliveaux de noyer, pour couler ensuite en traînées moins vives le long des murs couleur d’ocre pâle,

Avant de retourner s’asseoir, Alix s’approcha d’une haute potiche posée sur le parquet luisant, près de la