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CHAPITRE xiii

Entre l’amour bafoué, inquiet de Paul, et l’amour frais éclos, également inquiet d’Alix, commença une lutte de doute et d’incertitude. Pourquoi n’y eut-il pas tout de suite une explication entre les deux époux ? C’est que la nature humaine s’y oppose farouchement. L’homme qui se sent chef, s’il est lésé, ne baisse pas facilement pavillon, et la femme dans sa dignité, se refuse à se courber en esclave, même si elle est fautive. De plus, un sentiment bien compréhensible empêchait tout rapprochement précipité entre Alix et son mari. Paul pouvait-il à nouveau offrir son amour à celle qui l’avait méprisé ? Alix pouvait-elle se jeter dans les bras de celui qu’elle venait de tromper et déclarer ce qui provoquait son geste ? elle ne serait pas crue. Non, le temps avec ses surprises et ses situations imprévues pouvait seul apporter une solution.

Et le Temps avec des précautions de chirurgien consommé, commença la délicate opération qui consistait à enlever de ces cœurs devenus fragiles, l’épine cruelle qui les blessait.

Tel qu’il l’avait annoncé à sa femme, Paul partit pour Rimouski à la date fixée. Mais son absence ne fut pas longue. Quinze jours après son départ, Alix reçut une lettre de son mari, lui annonçant son retour.