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— Et qu’est-ce que tu as entendu ce soir-là, bégaya Alix épouvantée ?

— Des éclats de voix, la tienne. Ils étaient de nature à édifier sur le compte de celle qui les lançait ; les quelques mots que j’ai saisis, me font dire que tu es bien coupable…

— Alix eut un sourire navrant et se mit à sangloter.

— Eh bien oui ! je suis coupable et la seule coupable, jeta-t-elle à travers ses larmes. Ah, tu veux savoir… Soit ! Je vais mettre les mots qui ont précédé et suivi ceux que tu as entendus… Tu as assisté à l’épilogue d’un drame, je vais t’en dire le prologue !

Avec un accent de sincérité poignant, Alix fit sa confession.

— Et voilà mon crime dans toute sa laideur… Je dois te faire horreur…

Gilles s’approcha de sa sœur, la prit dans ses bras et l’embrassa plusieurs fois.

— Chère Alix, je ne vois que ton repentir, et il est si beau ! Et puis, malgré la souffrance qui creuse tes traits, je me réjouis de te savoir vainqueur de ton orgueil. Envisage la vie avec confiance, Paul est si bon, et vous êtes si jeunes tous deux…

— Je serai vaillante, tu verras, dit-elle avec un faible sourire, et toi, reprends bien vite ta figure rieuse, je ne te reconnais pas avec celle que tu as en ce moment. Retourne à tes plaisirs, Gilles, et sois persuadé que j’essaierai de réparer ce que j’ai brisé… Merci d’être venu.