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Mais pour cela, il lui fallait, la première, endosser ses responsabilités, et rien ne lui donnerait raison de son parjure. Une seule chose restait à faire : l’aveu. Elle se tordit les mains.

— Gilles, retire-toi, je t’en prie… Je suis brisée…

— Je ne peux pas me retirer dans l’état où tu es… Que je sois ton confident… Dis-moi tout, petite sœur !

— Et quand cela serait… Que peut-on contre l’irrémédiable ?

— Mais de t’être confiée te soulagerait.

— Je ne puis pas !

— Par pitié, Alix, parle !

Elle se cabra, toute sa nature altière révoltée.

— Enfin, me diras-tu le pourquoi de ton intervention hâtive dans tout ceci ?… Un mois ne s’est pas écoulé depuis mon retour, que tu veux forcer ton entrée dans la vie intime de mon foyer. Je ne le permettrai pas !

— Je n’ai pas attendu ta permission pour entrer, non dans ta vie, mais dans ton foyer. Je l’ai fait le premier soir de ton mariage… C’est vilain, j’en conviens. Après votre départ de chez tante Eulalie, je suis parti avec d’autres jeunes gens dans l’intention de vous offrir un petit « send-off » à Paul et à toi. Lorsque nous fûmes rendus devant votre porte, j’entrai seul, heureusement… La partie de plaisir proposée n’eut pas de suite. Je convainquis mes associés de vous laisser… jouir de votre soirée. Comprends-tu, non ma hâte, mais mon anxiété à vouloir vous secourir sans tarder… en autant que je le puis…