Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 146 —

autres vint la brûler comme un trait de feu : « Avez-vous remarqué que des arbres sains, aux racines vigoureuses, pourrissent souvent par le faîte ? » Ah, l’outrage à sa famille ! Elle en oublia son amour pour celui qui l’avait lancée. Elle s’écria, ne pensant plus à la présence de son frère :

— Moi, je ne peux pas pardonner !

Gilles sursauta.

— Alix, dis-moi que tu ne t’es pas servie contre Paul de ce que je t’avais dit autrefois sur lui, c’était faux !

— Et qu’en sais-tu !…

— Alix !

— Et si c’était vrai, si cet homme est réellement ce que tu l’as appelé dans ta colère d’écolier.

— Que dis-tu ? Paul serait…

— Un enfant naturel !

Et forte de son orgueil revenu en entier, Alix jeta :

— Oui, Paul Bordier est un enfant du plaisir coupable, et ce rejeton du vice a osé lever les yeux sur moi, Alix de Busques ! Je l’ai bafoué, je l’ai puni sur-le-champ pour son audace.

— Tu connaissais son origine lorsqu’il t’a déclaré son amour ?

— Non !

— Alors… Pourquoi as-tu frappé sans savoir ? et surtout, pourquoi as-tu marié Paul ?

Alix comprit qu’elle s’était fourvoyée. Pour se donner le beau rôle, elle venait de créer une situation que seul un exposé sincère des faits pouvait éclaircir.