Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/148

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 144 —

brouillé à l’époque de ton mariage, pour ne pas dire avant.

— Paul est une victime, je suis son bourreau : naturellement, la femme a toujours le mauvais rôle, ô hommes impeccables !

— Ne raille pas ; il y a une mésentente entre vous deux. À qui la faute ? Tu es fermée, et Paul souffre visiblement.

Pourquoi souffrirait-il ?

Alix aurait voulu éloigner le sujet, et malgré elle, elle venait de l’entretenir. Gilles reprit :

— Si dans mes rencontres relativement courtes avec ton mari, j’ai pu apercevoir ses signes de détresse, qu’est-ce que tu as découvert, toi, qui vis près de lui ?

Tout dévoiler à son frère, la jeune femme en éprouva tout à coup le besoin, mais non le courage. Accuser son péché d’orgueil ? Oh, à quoi bon ! Ensuite, ce n’était pas à Gilles de pardonner, et si elle lui faisait sa confession, il trouverait lui aussi, pour stigmatiser sa conduite infâme, des mots durs. Elle courba le front, en songeant à ceux que Paul avait, dits, et en entendre répéter de semblables, ah non ! Elle reprit avec lassitude :

— Tu te poses mal à propos en prédicant, Gilles, et comme conclusion de ton sermon, tu me suggères d’étudier mon mari et de descendre en moi-même, ce qui équivaut à observer l’un et à démolir l’autre, je suppose.

— Alix, tu déplaces la question afin de ne pas répondre.