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des tête-à-tête que leur imposaient souvent les circonstances du voyage.

Un mois après leur départ, Paul et Alix étaient de retour à Québec. Quelques visites, des réceptions, les étourdirent et les arrachèrent passagèrement à eux-mêmes durant ces courts instants de contact avec leurs connaissances.

Paul restait le moins possible à la maison, où Alix seule et désemparée faisait appel à toute son énergie pour ne pas crier la solitude de ses longues journées. Elle en vint à souhaiter la venue de son mari. Lorsqu’elle l’entendait rentrer, elle éprouvait comme une détente. Paul avait le don d’entamer une conversation sur un sujet intéressant, et elle l’esprit de l’entretenir. Mais comme il l’avait dit, Paul n’importunait pas sa femme par sa présence, il saisissait toutes les occasions de s’en éloigner. Les excursions de chasse et de pêche, sur fin de semaine, étaient de bons prétextes. Il fut absent huit jours à une convention d’architectes tenue à Ottawa.

On était rendu au premier décembre. Ce soir-là, Paul qui arrivait précisément d’Ottawa, parlait à sa femme de la capitale, de ses beautés, et d’une séance du parlement à laquelle il avait assisté. Alors qu’il citait une phrase du Premier Ministre, il s’arrêta.

— Décidément, Alix, je bafouille, me voilà qui parle politique, dit-il. Au retour du voyage que je dois faire à Rimouski, je vous entretiendrai de sujets moins ennuyeux, ou du moins j’essaierai.

— Vous allez à Rimouski ?