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CHAPITRE xii

La perspicacité de Gilles ne s’était pas trompée en devinant le drame dans la vie conjugale de Paul et Alix. Quoique rien ne transpirât au dehors, aux yeux plus avertis du frère d’Alix, aucun détail n’échappait. L’absence à peu près continuelle de Paul de son logis, l’éclairait suffisamment, et puis il avait été édifié incidemment sur ce qui l’occupait, d’une façon dont nous parlerons plus tard.

Le jeune couple avait écourté de moitié sa croisière dans le Sud. La tension à bord devenait intolérable. Paul comprit que les nerfs de sa femme étaient à bout Il eut pitié d’elle, pitié de lui aussi. Le ballottage, le tangage, le roulis du bateau lui rappelaient trop l’épave qu’il était. Et puis, dans l’oisiveté de ce palais flottant, trop de pensées l’accablaient.

À Québec, il reprendrait son travail, et l’ardeur à la tâche lui ferait peut-être un peu oublier. Alix, elle, retrouverait une atmosphère plus calme et la visite de ses parents, de ses amies lui serait une distraction salutaire.

Sans presque se le dire, les deux jeunes gens comprirent leur désir réciproque de mettre fin au supplice