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cadre qu’il venait de coller avidement à ses lèvres. Après avoir embrassé à plusieurs reprises l’effigie de son enfant, Étienne, le visage rayonnant, regarda son cousin.

— Heureux est le père de ce jeune homme.

— Heureux, en effet, répondit Eustache convaincu, et je suis en position pour l’affirmer.

— Il me semblait pourtant que tu n’avais pas de descendants, Eustache.

— C’est exact. Paul est un orphelin. Nous l’avons adopté à six ans, et jamais enfant plus aimant n’a vécu sur la terre.

— Paul est un orphelin de père et mère ?

Eustache, surpris, regarda son cousin et éluda la question.

Étienne poursuivit :

— Y a-t-il longtemps que cet enfant habite chez toi…

— Dix-neuf ans bientôt.

— Eustache, dis-moi, lorsque tu es allé chercher ce petit, on t’a remis des effets lui appartenant.

De stupeur, Eustache s’écria :

— Étienne ! Comment sais-tu ?

Le mari de Gilberte continua avec une émotion grandissante :

— Si j’étais allé moi aussi au même endroit que toi, non pour adopter un enfant, mais pour essayer à retrouver le mien…

Eustache crut que son cousin devenait fou.