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— À la bonne heure, s’écria Eustache, voilà qui est parlé ! Tu t’établiras près de nous, il y a de belles résidences à vendre dans le voisinage, et pas cher.

— Ô hommes d’affaires, fit Jeanne en riant, après vingt-cinq ans d’absence, à peine s’est-on vu, que vite ! les transactions. Laissez-là l’aridité des chiffres, messieurs, et jonglez un peu avec vos souvenirs, tandis que je vais voir aux préparatifs du repas.

— Ne vous dérangez pas trop pour moi, cousine Jeanne, je vous prie.

— Laisse faire ma femme, Étienne. Elle saura bien préparer un plat qui ne te fera pas trop regretter la cuisine esquimaude, et un lit aussi moelleux que les couches de neige polaire.

— Je vous avertis que vous avez un pensionnaire sauvage, bien disposé cependant à accepter les bienfaits de la civilisation, dit Étienne, heureux.

La femme d’Eustache s’excusa pour aller donner ses ordres aux domestiques. Durant ce temps les deux cousins se mirent à causer et aux intonations de leur voix, on comprenait les émotions diverses par où passaient les causeurs. Mais leur intéressante conversation ne dura pas longtemps, on vint annoncer le dîner.

Retardé par le mauvais état des chemins en certains endroits, Étienne entra à Québec vers sept heures du soir. À peine une heure après son arrivée chez Eustache, on se mettait, gaiement à table. Le repas terminé, pendant que Jeanne allait s’assurer par elle-même si rien ne manquait au confort de son hôte dans la chambre qu’elle lui destinait, les deux hommes s’installèrent au fumoir.