Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 126 —

Sœur Véronique se leva à son tour et accompagna son visiteur jusqu’à la porte, mais comme Étienne Bordier allait en franchir le seuil, elle l’arrêta.

— Attendez, s’il vous plaît, monsieur, il me semble que je ne dois pas vous laisser partir sans vous parler de l’enfant adopté par votre cousin, et de son arrivée ici.

Étienne s’immobilisa, respectueux.

La religieuse commença sa narration et à mesure qu’elle parlait, un changement extraordinaire se produisait sur la personne d’Étienne Bordier. Il n’était plus un homme courbé, il rayonnait d’une joie surhumaine, des larmes brillaient sur son visage devenu radieux, rajeuni. Sœur Véronique qui suivait, émue, la marche de cette transformation en devina la cause, elle dit la voix infiniment douce :

— Les desseins de la Providence sont souvent incompréhensibles.

— Oh, je remercie Celui qui a protégé mon fils ! Ah, c’est lui mon enfant que vous avez reçu sous votre toit béni… Nul doute ne peut exister… Ces langes… ce manteau brodé, initialé… Cette petite médaille. Ah, c’est bien mon cher petit !

Étienne raconta l’épisode lamentable de sa vie. Pendant qu’il le fit, Sœur Véronique ferma souvent les yeux pour refouler les larmes qu’elle ne voulait pas laisser couler. Lorsqu’il eut fini, la religieuse reprit, maîtrisant son émotion :

— Dieu ne fait pas les choses à demi. Vous verrez votre fils, un homme aujourd’hui et qui fait honneur