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tout à l’heure pour ensuite se terminer par une impasse dans laquelle Joachim Bruteau m’attend, un bâton à la main.

Repris par une angoisse qu’il ne pouvait éloigner, Étienne se remit à penser au mystère de l’appel du vieillard, appel que le vieux lui avait fait parvenir par l’entremise de tante Marie. La lettre de la bonne vieille à Étienne était ainsi conçue : « Mon cher Étienne : Ces quelques mots te parviendront-ils jamais ? Puisses-tu les recevoir sans trop de délai. Joachim Bruteau désire te voir ; que signifie cet appel tardif ? Je n’ai plus revu l’oncle de Gilberte depuis mon départ désespéré de la ferme, il doit être bien vieux. Hâte-toi ! Je mets sur cette enveloppe, ton ancienne adresse du Magasin Central de la Compagnie de la Baie d’Hudson, avec demande de faire suivre. Puisse le doigt de notre chère disparue guider cette missive jusqu’à toi. Ton affectionnée tante, Marie Barre. »

Étienne Bordier, comme nous le savons, son engagement avec le gouvernement terminé, s’était mis au service d’une grande compagnie du Nord exploitant le commerce des fourrures, et cette compagnie, comme toutes celles du même genre, était affiliée au Magasin Central qu’Étienne visitait deux ou trois fois l’an. Lors de l’arrivée de la lettre de Marie Barre au dit établissement, Étienne se trouvait à trois cents milles de l’endroit, visitant pour le compte de sa compagnie, un poste inaccessible à tout avion. Comment la lettre lui parvint-elle, voici : pour venir en aide aux chiens qui apportaient de ces postes lointains un chargement pesant, un autre équipage allait à leur rencontre. Ce fut le conducteur de ce dernier attelage qui, ayant