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les mémoires d’un soldat inconnu

se infernale des projectiles. Après une bataille, il semble que plus jamais il ne peut en revenir de semblable tant la terre, l’espace, le ciel, paraissent épuisés ; tout est affaissé, mourant. Et voilà que ça reprend avec plus de fureur, plus de force, plus de puissance encore. Sur des milles et des milles de distance, on se bat car c’est une grande offensive qui vient de se déclencher. Ce qui se passe ici se multiplie à l’infini. On se bat dans la plaine, dans les fermes, les villages, et une fumée noire rampe sur le sol pendant que l’artillerie maintient un dôme de feu au-dessus de nos têtes. La terre frémit et geint sous le choc des obus qui l’atteignent sans répit. Le ciel tournoie sous la mitraille, et le crépitement des mitrailleuses donne la riposte aux percutants, auxquels s’ajoute la décharge spontanée de cent, cinq cents, mille fusils. Les morts et les blessés ne tardent pas à joncher les ravins et les coteaux. La pression de l’air, causée par l’explosion des obus, arrache les