Page:Brassard - Les Mémoires d'un soldat inconnu.pdf/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
adolphe brassard

capt de diriger comme ça le corps d’un soldat inconnu vers sa ville natale pour lui faire des obsèques. Ça va se savoir et tu verras, on copiera son geste tantôt. La ville de M… Anastasie nous a accoutumés à tout nommer par lettre et numéro, ça va rester. Et ce calepin, tu l’gardes ?

— Oui. Je lirai ça un de ces jours. Et l’auteur des grimoires, on l’fait suivre. Eh ben ! on l’charge et en avant ! Hé ! là ! Pas solennel : on porte un soldat inconnu ! Le veinard, on va lui faire des funérailles. Il aura des fleurs, une épitaphe et des bouts de prières. C’est l’grand chic comparé aux p’tites croix de bois piquées dans l’sol et qui penchent sous le vent.

— Ah ! gueulard, fermes-en un coin et avance ! On va être en retard et le capitaine est capable de nous plaquer huit jours.

— Ce serait vexant en diable de retarder d’autant notre démobilisation. Où vas-tu, toi, en sortant d’ici ?

— Hé ! dans ma famille ; elle est grande, j’habite Montmartre.

— Gars de Paris, hein ?