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adolphe brassard

— Elle viendra nous prendre quand nous serons mieux sanctifiés, dit-il en collant sa cigarette du bout de sa langue.

Je lui demande du tabac.

Il m’en donne ; et montrant les corps épars :

— C’est une bagatelle. J’étais à Verdun en 1916.

— J’y étais aussi ; curieux, je ne t’ai pas vu.

— Tu étais là, toi, un Canadien ? Je crois que tu te trompes.

— Ça se pourrait. On m’a fait tant voyager dans la région que, pour les noms des places, il y a confusion dans mon esprit.

Il éclate d’un rire de surface, et nous nous éloignons.

— Et ceux-là ? dis-je avec un regard en arrière.

— Ils sont bons pour attendre. Nous avertirons une station sanitaire, si nous en rencontrons. Oui, et c’est par là que nous allons, ajoute-t-il, avec un signe