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les mémoires d’un soldat inconnu

— Vous voulez savoir mon nom ? Eh bien ! c’est ça :

Et je frappe violemment ma joue tuméfiée. Sous le coup, elle se boursoufle et saigne.

Il se penche vivement et, avec son mouchoir, il éponge délicatement le sang et, avant que je puisse deviner ou m’en défendre, il me donne l’accolade. Je le repousse rudement.

— Vous me peinez, dit-il. C’était le Français qui vous remerciait de ce que vous avez fait pour sa patrie.

Je reste un moment silencieux ; puis, je murmure :

— Veuillez m’excuser.

Il m’offre une cigarette. Je la prends, l’allume, et la laisse se consumer entre mes doigts.

— Vous reprenez rapidement vos forces, mon ami. À ce que m’a dit le médecin-major, ce matin, vous serez bientôt apte à reprendre le service. Moi, j’en ai encore pour un mois, et ça me désole.