Page:Brassard - Les Mémoires d'un soldat inconnu.pdf/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.
136
adolphe brassard

— Depuis le début de la guerre, poursuit-elle, courageuse.

Je cherche.

— Trois ans, alors ?

— Trois ans et demi, rectifie-t-elle. Et vous, il y a longtemps que vous êtes au front ?

— Trois ans et demi. On vous en a envoyé des clients…

— C’est affreux…

— Oui, c’est affreux.

— Vous ne retournerez plus là-bas ?

— Je le souhaite.

— Vous serez réformé, vous verrez, je m’y connais.

— Je le souhaite.

— Votre accent n’est pas français.

Je reste muet, et elle n’insiste pas. Mais ajoute :

— On n’a pas trouvé votre carnet militaire sur vous, ni votre numéro matricule ; seulement, un calepin à couverture de ciré noir.

— C’est le mien.

— Il n’y a pas de nom.