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adolphe brassard

des fafiots comme l’autre jour ; ça la calmera. Ah ! mais, ne me ruinez pas, vous abusez de ma générosité certainement, les fafiots grêlent trop drus sur les mosaïques de la cour et c’est fatigant.

Ses yeux passent du gris au noir. Ses dents grincent.

— Des fafiots, hein ? on en accumule par bosses… Envoyez fort, argentier, quand il n’y en aura plus, il y en aura encore.

La fin est visible. Sa respiration se coupe et n’apporte pas assez d’air à ses poumons qui se congestionnent. Il faut se pencher pour entendre sa voix.

— Palefrenier, sellez mon cheval d’Arabie : je pars en voyage, un long voyage. Je veux revoir les steppes et les déserts, les pampas et les rizières. Intendant, veillez sur mon domaine.

L’épine dorsale est atteinte. La paralysie lui immobilise l’œil droit et lui descend le coin gauche de la bouche. Sa tête s’enfonce dans ses épaules.