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les mémoires d’un soldat inconnu

Nous recueillons l’eau boueuse qui se trouve dans notre trou et nous lui en humectons les lèvres, ses pauvres lèvres de bouffon, qui se serrent pour ne pas crier.

— Merci, ce sorbet est délicieux et rafraîchissant. Il faudrait en envoyer la recette à la cour d’Angleterre et aux dames romaines.

La pluie tombe à torrent, et la mitraille grésille comme du fer rougi dans l’eau.

— Thuriféraire, relevez le dais sur monseigneur. Je crois que le toit du palais se fendille ; il faudrait le souder avec les lingots de mes coffres.

Il s’affaisse et gémit. Ses traits se décomposent sous la souffrance. Nous le soulevons.

— Merci, loyaux sujets, merci.

Les projectiles font une nappe de feu et de cendre au-dessus de notre cratère.

— Quel est ce tapage insolite ? Est-ce encore la populace qui envahit la cour d’honneur ? Argentier, jetez-lui