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CROQUIS DU VICE

Une grosse femme, les jambes courtes dans un maillot rouge écrevisse où suinte, entre les mailles, la graisse des cuisses en forme de gigot de mouton trop gras, se tient près de la caisse. Dans un geste lent, en une courbe du bras, elle indique, en soulevant un rideau grenat à grandes fleurs jaunes, l’entrée des premières.

Debout appuyé contre la porte donnant accès aux secondes, Goliath reçoit les billets, écoutant d’un air indifférent les compliments que lui valent ses vingt ans, sa haute stature, son torse souple et vigoureux. Nu jusqu’à la ceinture écarlate qui retient aux hanches un maillot pâle, si pâle qu’en passant bien des femmes s’arrêtent, il porte fièrement sur ses épaules puissantes une tête belle, point banale, une tête de mâle audacieux aux yeux vifs, noirs et profonds, les lèvres, sensuelles et fortement colorées. Pas de barbe, mais une fine moustache brune comme des longs cheveux tombant en boucles sur ses épaules de colosse.

Dans la tente rectangulaire qu’étagent des