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RETOUR D’ÂGE

Au peintre Léandre.

I

Elle se croyait trente ans quoique son acte de naissance affirmât quarante printemps et deux hivers dont la neige avait blanchi quelques fins cheveux d’elle. Assise près d’une table, les manches de sa matinée relevées, laissant voir, en la transparence des dentelles flottantes, la nacre bleutée des veines d’un bras aux chairs pâles d’anémique, elle griffonnait en une écriture un peu lourde, épaisse, affirmant dans le renflement des pleins une sensualité encore loin de s’éteindre. À cinq pas derrière elle, droit, sans un mouvement, les bras inertes le long des cuisses son groom attendait.