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CROQUIS DU VICE

Laurençon possédait dix ans de moins que Duponsart. Grand, élancé ; sa physionomie n’avait de caractéristique que son manque de caractère, n’étaient de petits yeux d’un vert sombre dissimulés sous d’épais sourcils teints et peignés avec soin.

Dès le premier jour de leur rencontre, ils s’étaient pris d’amitié l’un pour l’autre, et depuis, tous les soirs après la fermeture de leur magasin, assis dans l’aveuglante clarté de la terrasse d’un grand café du boulevard, ils se narraient leurs exploits de la journée. Laurençon dodelinait de la tête d’un air de fin connaisseur cependant que Duponsart mâchonnait un havane dont la fumée emportée par une brise tiède traînait lentement sous le scintillement de mille bec de gaz. Laurençon disait :

— Ah ! ah ! tu as de la chance !

À quoi Duponsart répondait :

— Oui, mon cher, seize ans tout au plus.